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avant la lettre

26 février 2006

migration de printemps

parapente_jaune_filtered
(Lumbin, Isère, le 26 fév. 06)

Avant La Lettre quitte son quartier natal et s'installe ICI (http://richardg.blogs.com/avantlalettre).

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20 février 2006

beso

pezize2
(géopyxide des charbonnières - Geopyxis carbonaria, Pré du Mollard, la Combe de Lancey, Isère, le 7 juin 04)

C’est la Nature qui nous le dit : d’un brasier éteint renaît parfois le baiser. Un baiser de corail qui court sur la chair calcinée des vieux jours, et voilà le printemps qui s’annonce au coeur.

[En chaque baiser le monde tient - et se retire. Le baiser est la plage du monde, sa vague mourante, qui cède un peu de mousse et de sel aux goélands du désir. Bouches aux lèvres mouillantes, sanglantes, susurrantes, aspirantes, déchirantes : le baiser est une digression du langage, où la langue fait parfois diversion. Un baiser volé laisse une part d’incertitude émouvante : la douceur est entrée sous la peau par effraction. Le baiser est une béance, où se dérobe la représentation de l’autre, où surgit son mystère pantelant et assoiffé. Courez, baisers, au devant de l’amour, et ne le laissez pas forcément vous rattraper…]

15 février 2006

note à s'asseoir dessus

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(phacochère - Phacochoerus aethiopicus, Pan Etosha, Namibie, le 13 août. 03)

On n’aime pas les premiers, et ça se comprend. Le problème, quand on est devant tous les autres, c’est qu’on laisse l’arrière de soi à la vue du plus grand nombre. Forcément, dans le tas, y'en a qu'ça choque.

14 février 2006

sept ans de malheur

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(Freydières, Revel, Isère, le 11 fév. 06)

Les gens, parfois, sont des miroirs qui nous renvoient violemment ce que nous avions cru cesser d'être. Nous nous étions réconciliés avec nous-mêmes et nous voilà brouillés à nouveau, alourdis soudain d’anciens doutes, lestés de vieilles maladresses. Et alors le sol craque sous nos pas - comme la glace sous les circonvolutions du patineur.

La membrane est-elle donc à ce point ténue entre le présent qu’on pensait si fiable et le passé presque oublié ? Par quelle porosité secrète les deux chambres de nos vies poursuivent-elles leurs échanges ?

Et ces personnes-là, qui découvrent des pans de chairs affadis ou affaissés, de quel pouvoir sont-elles donc dotées ? On peut se demander si nous ne leur avons pas tendu nous-mêmes une baguette maléfique, pour qu’ils nous somment de restituer le blême éclat qui manque à la vérité de nos cristaux.

12 février 2006

mélange alpestre

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(mésanges noire et boréale  - Parus ater & montanus, Freydières, Revel, Isère, le 11 fév. 06)

Aux éventrations de l’hiver, par les flancs éraflés des montagnes, a jailli le trille annonciateur : un espoir de printemps s’est fait jour, jour gai et vif, évadé des glaces, rendu à la lumière en douce oblique. Les oiseaux ont profité de l’aubaine pour s’offrir un festin de moucherons fous : zélés anges zyeutant les zinzins hésitants.

[
La première détient le record mondial de la distance minimale de fuite. La mésange noire ne s’envole que de 3,6 mètres en moyenne lorsqu’elle est dérangée. C’est dire si sa méfiance en l’homme est relative. La seconde est un sosie quasi parfait de la mésange nonnette : presque impossibles à distinguer sans le secours de la voix. L’une fait tsi-éééé, l’autre tsip-tsip-tsip-tiiiiié, heureusement.]

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9 février 2006

remise de peine

heliconius
(Heliconius sp. - Cartago, Costa Rica, le 18 août 04)

Une indifférence polie à mes attentions d’abord, le refus obstiné de répondre à mes sourires ensuite, la distance coûte que coûte quand tout fut révélé.

Ne te fais pas d’idées, me disait-elle, me tuait-elle, et pourtant je renaissais, je revenais, toujours moins drôle, dans un entre-deux minable. Je me conformais à outrance au jeu de son détachement mais la nécessité vitale de lui rappeler mes ambitions d’être à elle modifiait soudain ma tactique.

L’expérience d’une vérité contre laquelle toutes les larmes, de rire ou de chagrin, ne peuvent rien confine à l’apprentissage de la mort. Jusqu’au matin où une main passe dans les cheveux, tandis que quelques gouttes de pluie commencent à tomber, tandis que les mots ne sortent plus.

7 février 2006

mais où est passé Bill ? (chanson benoîte)

niche
(Les Molinières, Domène, Isère, le 5  fév. 06)

Bill a les yeux bleus, ou peut-être noirs. Son pelage est fauve, à moins qu’il ne soit blanc. Il est grand comme un ours, ou plutôt comme un faon. Il aboie sans cesse, sauf s’il a perdu sa langue. Ses oreilles pointent en l’air, mais tombent aussi parfois. Si vous le trouvez en train d’errer dans la ville, à la campagne, sur une plage, à la montagne, merci de prévenir son maître. C’est monsieur Martin, ou peut-être Paul. Il a les yeux bleus, ou peut-être noirs… Cherchez, cherchez, on trouvera toujours quelque chose. Aimez, aimez, il y a toujours deux vies à rapprocher.

7 février 2006

mise en boîte

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(Les Molinières, Domène, Isère, le 5 fev. 06)

Février n'a que vingt-huit jours. C'est insuffisant pour apprendre à l'aimer.

5 février 2006

trait pour trait

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(macaque à longue queue - macaca fascicularis , Kuala Selangor, Malaisie, le 30 juil. 05)

Rien n’a changé tout au fond. Mêmes révoltes, mêmes tourments, mêmes désirs qu’à l’aube des dix-sept ans. Ce sont les manières de dire et de laisser paraître, l’enveloppe des mots et toute cette force de dissimulation fourbie à l’acide des larmes qui font la différence. Malgré les dérivations et les dissonances, les chemins dérobés et les fuites imposées, nous restons fidèles au point et à l’idée qui nous ont animés dès que le regard s’est ouvert au monde. Vivre est une idée acceptable tant qu’il est permis de retrouver la sensation de soi-même dans ses jouissances, ses rires et ses souffrances, au moins de temps en temps. Tant que coule sur la vitre des jours la petite musique intime de son sang, indicible pour quiconque, et peut-être, qui sait, la même pour tous.

2 février 2006

de rien

nuit
(travail sur photo prise à Vif, Isère, le 16 juil. 05)

Elle s’est levée, a enveloppé sa dignité dans une vieille chemise à moi qui traînait et s’est dirigée vers la pile de disques. Les premières notes de A Night In Tunisia s’égrenaient bientôt dans la pénombre. D’un geste machinal, elle a allumé une cigarette et s'est avancée vers la fenêtre. Je ressentais encore la pression de ses lèvres en la regardant fumer. Les volutes jouaient avec les mélopées de la musique. A mon tour je suis sorti du lit. Je me suis rapproché d’elle, j’ai regardé par-dessus son épaule. Les néons bleus du salon de coiffure d’en face clignotaient sous la pluie fine. Les trottoirs mouillés jetaient des reflets partout. J’avais envie de la caresser encore, au moins la frôler. Il ne fallait pas. Nous étions convenus de ne rien prolonger après cette nuit. Ne plus rien dire, ne rien faire qui ressemble à une sorte d’attachement. « Il pleut encore », ai-je juste lancé. « Eh oui », fit-elle après quelques secondes interminables. Je me suis recouché, j’ai replongé dans l'odeur des draps. Je l’ai vue tirer une dernière fois sur sa Winston. Un trou rouge dans le noir zébré de bleu, c’était joli. J’ai cru l’entendre soupirer quand elle est partie s’enfermer dans la salle de bains. Mais c’était peut-être le souffle du saxophone. L’eau a coulé un peu, je me suis laissé aller à la musique. J'ai essayé de ne plus penser à rien.
- J’ai pendu ta chemise vers la baignoire.
- D’accord.
- J’y vais. Merci.
Je me suis empressé d’un de rien, surjoué, maladroit. Un claquement mou de la porte fut son seul écho.

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