zéro sur toute la ligne

(cabines publiques à Kuala Tahan, Pahang, Malaisie, le 8 août 05)
Nos dirigeants vantent encore à qui veut les entendre le « dynamisme et le formidable potentiel des entreprises françaises ». Même si leur dithyrambe prête à sourire au regard de ce que chacun constate au quotidien, on ne peut pas leur en vouloir tout à fait de ce petit mensonge. Le rôle des hommes au pouvoir n’est pas de jeter de l’huile sur le feu, quand bien même la maison France sent le roussi. La méthode Coué a du bon en économie. Répéter que tout va bien et que tout ira encore mieux réussit parfois à galvaniser les troupes. La légitimité de leur message d’optimisme se heurte cependant à des réalités souvent exaspérantes. Que dire par exemple de la situation d’un mammouth claudicant tel que France Telecom ? Je ne connais guère cette entreprise qu’au bout de leur service clients, que j’expérimente depuis mercredi dernier, jour où ma ligne professionnelle a flanché. Ce que je retire de mes multiples démarches pour être dépanné ne joue pas en faveur de leur réputation. Un premier contact (le 1016) dès mercredi pour signaler le dérangement se conclut par un appréciable « On intervient dans les huit heures ouvrables », conforme au contrat Pro PME souscrit il y a quatre ans. Le jeudi se passe, personne ne me rappelle. Je recompose le 1016 en fin de journée. Réexplication du problème à une nouvelle interlocutrice qui ne retrouve aucune trace du dossier. France Telecom me laisse un message vendredi matin pour me signaler l’intervention d’un technicien samedi après-midi. Rappel du 1016 vers 13 heures pour demander d’activer le rythme, cf. la clause des huit heures qu’ils entendaient respecter : « J’envoie un mail au service technique pour les prévenir de l’urgence, monsieur » me rétorque une autre personne. Qui me précise au passage qu’il n’est pas nécessaire d’être disponible sur place, la réparation des lignes pouvant se faire à distance. Hum, je tâcherai pourtant d’être là ce samedi après-midi. Je rentre de ma promenade du week-end à 12h50. Je trouve un message sur mon portable, laissé à… 12h35 : « Bonjour c’est France Telecom, c’est dommage que vous ne répondiez pas, il faudra rappeler pour lancer une nouvelle procédure d’intervention ». Aucun numéro pour tenter de joindre le technicien qui n’a même pas insisté (on le sentait pressé de partir en week-end), et le 1016 ne fonctionne pas les fins de semaine. L’affaire n’est donc pas terminée. Elle rappelle mes déboires pour obtenir un abonnement ADSL chez Wanadoo en octobre 2001 : dossier perdu, jours entiers à attendre des techniciens injoignables, pertes de temps de travail pour entendre dire, au bout d’une semaine, « Ah je vois qu’il est écrit que vous n’êtes pas éligible à cause de votre position géographique »… Evidemment, un autre FAI me connectait dès le lendemain sans aucun problème. Je laisse à chacun le soin d’apprécier la combativité de France Telecom pour satisfaire ses derniers clients. Grâce à elle, des sociétés peuvent rester sans téléphone cinq jours et plus en France. C’est une forme d’exploit, une « performance » à laquelle nos chers politiques (n’est-ce pas monsieur Breton ?) n’avaient sans doute même pas songé. Elle n’augure rien de bon sur la capacité de notre pays à affronter ni ses enjeux internes ni la concurrence internationale. A ce jeu de qui perd-perd, il n’y aura bientôt plus d’abonné au numéro que vous avez demandé.