18 avril 2005
amazigh, où es-tu ?

(village de Telouet depuis la Kasbah Tahmi El Glaoui, Ouarzazate, Maroc, 10 avr 05)
Si près de la vieille Europe au nord, le Maroc ouvre au sud sur le désert, sur l’infini. Le reg est sa fugue, les vallées entaillées sont ses chemins. Et la roche rouge, truffée de fossiles comme des estafilades dans la chair calcinée, scelle ses souffrances passées et présentes. Malgré ses palmiers enjôleurs, le Maroc n’est pas un paradis. Les tempêtes de sable dans la longue vallée du Drâa, les neiges tardives du Haut-Atlas soufflent le chaud et le froid à une population très pauvre dès qu’elle n’est plus citadine. Les fastes récurés de Marrakech, ses jardins découpés en tranches dorées et les jeunes filles en jeans taille basse qui s’y promènent Nokia collé à l’oreille cachent les casbahs sublimes que la négligence délabre et, derrière ces ruines, les familles berbères détentrices des derniers secrets qui lient l’homme à la Nature. Dans les oasis de Merzouga envahies de milliers de passereaux migrateurs, un homme bleu me confiait sa désolation : « Les enfants ne prennent plus le temps d’apprendre à chasser ou à chanter, ils cherchent à gagner de l’argent tout de suite ». L’épopée spirituelle du Maroc, sa communion avec l’ineffable ne résiderait plus guère que dans le fantasme des vieux hippies attardés à Essaouira. Et peut-être aussi dans l’aubade navrée du sirli du désert (une grosse alouette dégingandée), très vite couverte par le mugissement pressant des convois de 4x4.
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