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avant la lettre
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1 mars 2005

noces d'algie

(Les Molières, Montvendre, Drôme, le 19 fév. 04)

Le noir ne me dit rien. Qu'une lueur coule à travers un carreau cassé, il n'est alors plus rien d'uniforme ou de neutre. Rejaillie l'aventure, recrachée la surprise. Un monde se compose et se meut, un souvenir se donne ou se soustrait encore, selon le caprice de ses éclats et le divin secret de ses ombres. On a pu vivre ici, on y a connu des heures d'effort et d'amour. Même si d'autres ne viendront plus. Découvrir un passé, c'est guetter les restes d'âme au fond des gamelles, c'est gratter la fragile lumière sur les murs. C'est toujours marcher dans son enfance. T'en souvient-il? Le soleil m'éblouissait.

(algie : douleur diffuse dont on ne connaît pas la cause organique)

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Commentaires
R
Merci Chrysalide. Je lis souvent quelques pages de Pascal Quignard avant de m'endormir (dont Sur le Jadis, que je lis en désordre), je mâchonne ses phrases, longuement. Leur saveur (sans le sens) réapparaît le lendemain et m'aide à me lancer dans certaines écritures.
C
"Le passé est un immense corps dont le présent est l'oeil. Ce corps rêve. La voix l'a abandonné. L'usure et le poids de chaque heure enfouissent ou dispersent ses vestiges. Peu à peu la poussière les dérobe à la vue, la signification les délaisse, le désordre les confond. Ces vies, ces livres que jadis le présent soumettait à l'envie et à la censure, le passé les a plongés dans l'absence et dans l'indifférence.[...] Il se trouve qu'une même sêve dégorge chaque printemps. Ce sont les arbres et les fleurs. Il se trouve que personne qui jouit n'est vieux. [...] La jouissance laisse des traces. Elle laisse des souliers de verre, des anneaux très étroits qui ne conviennent à aucune créature de ce monde. Il faut sans cesse ramener des preuves qu'on part prélever dans le sous-sol de la terre et l'ombre de l'histoire. C'est la friche d'enchantement."<br /> <br /> P. QUIGNARD - Sur le jadis<br /> <br /> En écho de ton superbe texte, je me permets de te livrer les fruits de ma lecture actuelle, qui j'en suis sûre te plairait énormément. Juste pour t'en donner l'envie... (les mots à la bouche).
L
c'était le titre... mes noces d'algie j'en ai même commis une chansonnette. Mais pour le reste du texte et des photos, elles restent inimitables, t'inquiète pas. ;)
M
Enfant, j'ai beaucoup joué et rêvé dans ce genre d'endroit. Nous aimions nous approprier les granges, les étables, les voûtes d'avant-cave, les ruines un peu debout, les maisons éventrées pour créer nos histoires, nos films de débutants. A chaque fois une idée nouvelle en fonction des formes et des rouilles avoisinantes . De vieilles voitures aussi, abandonnées au bord des champs dans lesquelles nous faisions d' incroyables voyages . Ces souvenirs là ne font pas mal, juste sourire. Nos imaginations battaient la campagne et il n'y avait que l'heure des repas ou les reproches des adultes qui nous rapatriaient dans la maisonnée chaude et vivante. J'aime beaucoup cette photo Richard, car elle met en scène l'objection de la lumière ,quand tout laisse croire que le lieu n’inspire que noirceur et grisaille entrés fâcheusement par le venteux soupirail de la déréliction.
L
Richard, tu me reprocheras peut être d'avoir de la suite dans cette idée là mais... Si tu essayais de nous en faire un livre de tous ces beaux textes et ces belles images, dont on ne sait plus lequel des deux accompagne l'autre tant le tout se complète.<br /> Au rayon beau livre, je saurais quoi choisir pour faire un beau cadeau !<br /> <br /> Parce que... oui, bon, d'accord, j'insiste plus.
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