chili con madre
(musée Dali, Figueras, Espagne, le 30 déc. 05)
Voilà un événement qui va conforter la stratégie populiste de Nicolas Sarkozy. Michelle Bachelet, nouvelle présidente chilienne, a notamment gagné l’élection parce que son rival Sebastian Pinera n’a pas fait le plein à droite. Jugé trop modéré par les nostalgiques de l’ex-dictateur Pinochet, le candidat malheureux a été handicapé par un mauvais report de voix dans son camp. A bien comparer les discours de campagne, on s’aperçoit d’ailleurs que c’est Bachelet la socialiste qui parle d’ordre et de sécurité avec le plus de conviction, son rival s’étant concentré sur des arguments économiques. Rassembler à droite nécessite apparemment d’agiter le verbe gras et de répandre l’épouvante plus que de raison, ce que s’est bien gardé de faire Pinera. Honneur à lui. A son avantage, cette fille d’un général d’armée d’aviation s’est montrée offensive sur tous les grands sujets de politique intérieure, y compris sur l’environnement (parent pauvre des programmes menés en Amérique du Sud). Sans dérapage sémantique, quitte à verser régulièrement dans les clichés convenus d’un « je serai la présidente de tous les Chiliens ». Facile à dire quand son prédécesseur Ricardo Lagos, d’inspiration politique semblable, a surtout réussi à creuser les inégalités sociales. Le peuple chilien a en tous cas fait preuve d’audace et de modernité (sans modernisme) en portant une mère non mariée et agnostique à la tête d’un pays réputé machiste et largement catholique. L’envoyée spéciale de notre parti socialiste à nous, Ségolène Royal, a dû noter tout ça avec intérêt et beaucoup d’espoir. Faut-il encore que le PS français soit aussi audacieux et moderne que les Chiliens. A écouter les ricanements d’Emmanuelli et de Fabius sur la validité d’une candidate féminine à l’investiture présidentielle, on peut légitimement en douter…