avant la pluie
(rue de Tanah Merah en attendant le train de nuit pour Kuala Lumpur, Malaisie, le 20 août 05)
« J’ai le pressentiment que quelque chose ne sera plus comme avant. C’est peut-être là la vraie définition de l’errance, de sa quête, avec sa solitude et sa peur. C’est le désir que je cherchais, la pureté, la remise en cause, pour aller plus loin, au centre des choses, pour faire le vide autour de moi (…) ». Ces mots du photographe Raymond Depardon, dans son bouquin Errance, je les garde en tête depuis l’été dernier. Il m’ont inspiré des images en rupture avec mes sujets habituels, des cadrages dissymétriques avec beaucoup de bitume, de ciel, de rues et de fils télégraphiques. Depardon a admirablement révélé ces sortes de non-lieux et pourtant lieux de vie, qui questionnent le rapport à l’esthétique – et en même temps notre manière d’accepter, d’intégrer l’environnement. D’une quasi-maladresse assumée l’artiste exacerbe la poésie de l’ordinaire, celle qu’on ne sait plus regarder, dans un format systématiquement vertical, aussi contraignant que révélateur. Il m’a donné envie de développer, à titre ludique, une collection de clichés « différents », modeste résonance au plaisir de sa découverte.