sel de saturne
(vers Freydières, Revel, Isère, le 26 nov. 05)
Des sauvages saveurs me reviennent dans les lueurs malades de l’hiver. Une piscine, un bout de mer, des pins, des fougères. Ma salive monte comme une marée qui cherche la grève. Elle a le goût du large. Il en faut, des fagots d’amours froides, pour réchauffer la chair étale des jours. Ma lèvre se souvient de quelques mots des romans qu’elle écrivait sur leurs peaux et j’entends encore les flots voraces qui nous emportaient, les cheveux, des chevaux, l’écheveau des ruades. Et ce sommeil qui nous prenait après l’aube, les corps foudroyés en plein vol ! Ce soir des nénuphars pliés comme des prières flottent sur le lit et le givre colle au palais. Le feu ne prendra pas. Des écumes de neige fleurissent à mes cils. Je vais vieillir sans chagrin.