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avant la lettre
9 décembre 2005

après la fête

heron_petipatapon
( héron vert - Butorides striatus, Kuala Lumpur, Malaisie, le 22 août 05)

J’ai voulu voir à quoi ressemblait la nouvelle émission politique de France 2 ce jeudi soir. « A vous de juger », c’est son titre, avec quatre témoins de la rue pour donner de faux airs d’interactivité à un débat lisse et mou comme le brushing de Kouchner, cloisonné d’avance par des rigidités rhétoriques et encore bien trop de complaisance. La question de la soirée prêtait déjà au rictus crispé : « la gauche est-elle prête à gouverner ? ». Ce fut effectivement très nul dans la forme (« quelle note vous mettez au gouvernement actuel ? », « de quelle figure historique de gauche vous sentez-vous le plus proche ? ») et affligeant dans le fond. J’ai été particulièrement attristé par le salmigondis de vraies-fausses vérités jetées comme du poisson pas frais entre deux ministres de l’économie (un ancien et le dernier en date),  deux gamins qui se chapardent des billes à la récré. Sauf que ce n’étaient pas des billes, mais les boulons qui tombent un à un d’un avion avec 62 millions de passagers dedans. L’avenir de la France, ce n’est pas forcément faire semblant de s’entendre sur la couleur du képi de De Gaulle, pas plus que jouer sur les mots « privatisation » et « ouverture du capital » ne redonnera de l’espoir aux 80 % de jeunes actifs précarisés. Dans le demi-siècle qui vient, il y aura 2 milliards et demi d’humains en plus sur cette Terre. 90 % d’entre eux seront nés dans des pays en voie de développement, sur des territoires où déjà près d’1,5 milliard d’individus vivent avec moins d’un dollar par jour et sans accès à l’eau potable. Personne n’en a parlé. La gauche est-elle prête à gouverner ? C’est bon, j’ai ma réponse.

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Commentaires
R
Merci pour toutes vos belles contributions, il y a du grain à moudre dans ce domaine. <br /> <br /> Anakin, attention aux CRS quand même. Je me souviens très bien d'une phrase de Noël Mamère vers 2001 : "Faire de la politique, ce n'est pas forcément plaire aux gens; Il y a des risques à prendre en matière d'impopularité pour mener le pays vers ce qu'on croit être bon pour lui". C'est cette phrase qui me revient pour une explication modérée du manque d'infléchissement de la politique actuelle. Attention, je n'excuse rien du tout. L'économie, on le sait, et donc le social, ne se satisfont pas hélas de cycles courts. Alors que les électeurs en ont marre de se sentir lésés depuis quinze ou vingt ans, d'où le gap. J'ai lu ici et là qu'un libéralisme pur et dur à la manière d'une Thatcher était nécessaire en France pendant quelques années pour préparer le terrain, (économique, financier...) d'une sociale-démocratie à la Blair durable. Je me demande parfois si les Socialistes français n'en sont pas conscients, pour persister à ce point dans leur médiocrité face aux prochaines échéances (car s'attaquer au pouvoir en place n'est pas un programme hein).
J
Dans la nature, toute espèce qui croit au delà d'un certain potentiel d'accueil -matérialisé par de la bouffe et et de l'espace vital, a soit la possibilité de migrer pour trouver mieux ailleurs, soit l'obligation d'y laisser des plumes en termes de démographie ; l'adaptation physiologique (3è solution) ayant ses limites chez l'Humain, on le sait.<br /> Les frontières étant une réalité et le manque d'eau -et donc de bouffe- une autre, l'Humain ne tardera pas à se casser la gueule. Et gravement, sans doute. <br /> Ni la gauche, ni la droite n'y pourront rien en l'état actuel des choses : j'entends chaque matin à la radio des voix des deux bords s'engueuler pour 2 ou 3000 "étrangers" qui passent nos portent dorées, et j'ai l'impression que le débat s'arrête là. Plus de deux milliards d'individus (ceux de l'accroissement démographique qui s'emplifie) qui ne sont pas bien chez eux, va falloir une putain de bonne entente pour leur ouvrir les portes... ou alors prévoir un paquet d'autres mesures que des envois de sacs de riz. Une adaptation psychologique (dame, on n'est pas rendu !) menant à une solidarité internationale sans précédent me semblerait la bienvenue. Mais je rêve, ça se passera pas à notre ère, ça.
A
Les débats n'ont effectivement plus aucun sens. il s'agit maintenant que d'oppositions systématiques. De querelles sémantiques. on joue sur les mots. je rejoins demo quand il écrit que s'est laisser le champ libre à l'économie que de dire que la politique ne sert à rien. Le problème n'est pas de savoir à quoi sert la politique mais qui elle sert.<br /> Je constate qu'il y a eu deux votations importantes dans ce pays ces derniers mois (Régionales et Référendum) qui se sont soldées par une défaite du pouvoir en place. Deux avertissements sérieux. Et finalement qu'a-t-on vu ? Rien. Aucun fléchissement dans la politique mise en place depuis 2002. Je constate alors qu'aller aux urnes pour exprimer une opinion n'est pas une solution. Mais je n'ai pas envie d'attendre placidement d'autres émeutes. Par contre j'ai bien envie de les fomenter....
A
... il n'empêche... la photo va bien avec le titre ! (Je dis ça pour détendre l'atmosphère, mais je le pense aussi ;-)
D
je crois dangereux de lire des trucs du genre "les débats droite gauche n'ont plus de sens, l'intéret c'est que le pays aille de l'avant".<br /> Mais qu'est ce que ça veut dire "aller de l'avant" ? ça implique quoi, précisément?<br /> Car un pays n'est pas une entité repliée sur elle même, un pays interragit avec le monde, a une influence. Par extension, "Aller de l'avant" peut tout aussi bien signifier la mort du pays voisin...<br /> Alors soyons prudent sur l'emploi des mots et leur signification.<br /> L'influence d'un pays se construit grace à chaque pierre qui constitue son édifice, c'est à dire vous, moi...Et qu'est ce qui fait le lien entre tous, si ce n'est justement la politique?<br /> Dire que la politique ne sert à rien, c'est laisser la place à l'économie pure et dure.<br /> Dans l'absolu, c'est vrai, on n'a besoin que de moyens permettant d'acquérir ce que l'on ne peut produire, et de qqs institutions permettant de ficeler tout cela.<br /> En fait, tout le pb vient du fait que la politique actuelle est décorrélée des attentes citoyennes...mais en même temps, savez vous précisément ce que vous voulez faire de ce pays? Vous sentez vous concernés par les choix et les orientations qui y sont faites? combattez vous ce qui vous semblent injustes? proposez vous une nouvelle politique "pour allez vers ce qui vous semble être de l'avant"?<br /> C'est CETTE politique qui ne nous convient pas, pas LA politique, car nous en avons tous besoin. <br /> Et ne nous trompons pas, une révolution est juste un point de rupture sociale, qui n'empêche en rien de se retrouver dans la même situation qqs années plus tard, car au fond, ceux qui la mènent ne désirent souvant pas autre chose que le pouvoir.<br /> La politique devrait nous protéger contre cela, mais nous sommes à ce point veules, que nous attendons placidement d'autres émeutes...
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