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avant la lettre
31 août 2005

le déclin des tortues à pas de lièvre

rantau_abang_01
(Rantau Abang, Terengganu, Malaisie, le 15 août 05)

Quelques guides touristiques décrivent encore l’endroit comme l’un des principaux lieux de ponte de la tortue-luth en Asie du Sud-Est. Dans l’histoire récente de cette région, les reptiles débarquaient ici par centaines durant les nuits d’été, et spécialement de pleine lune, pour déposer leurs œufs sous le sable. Jusqu’au milieu des années 1980, la présence de ces géants des mers (3 mètres de long, 750 kilos) offrait un merveilleux spectacle, au point d’encourager la région à créer des hôtels spécialement dédiés à l’observation des tortues. Et puis on a commencé à s’apercevoir que ces jolies plages étaient moins animées. De plus d'une millier d'animaux, les effectifs étaient tombés à quelques centaines dix ans plus tard. La chute s’est dramatiquement accélérée à la fin des années 1990, où seulement trente à quarante tortues étaient comptées. Douze en 2000, huit en 2001, trois en 2002. Depuis cette date, plus aucune tortue-luth n’est venue pondre à Rantau Abang.

Membre du National Geographic Society et de la Malaysian Nature Society, Mohd Razali Bin Che Ali nous a exposé les causes de ce désastre. Les animaux sont victimes de la pêche industrielle qui s’est développée en Mer de Chine depuis vingt ans. Les tortues se laissent piéger dans les filets et meurent noyées. Les sacs plastiques qui flottent à la surface de l’eau représentent un autre danger : les tortues croient avoir affaire à des méduses et s’étouffent après les avoir croqués. Mais monsieur Razali Bin Che Ali pointe surtout son doigt vers la Thaïlande voisine : « Les pêcheurs thaïlandais n’hésitent pas à braconner la tortue-luth pour augmenter leurs revenus. Le prix de la chair des tortues, qui constitue un mets de choix, peut grimper très haut au marché noir ». La Malaisie serait intervenue auprès de la Thaïlande pour exiger une surveillance plus stricte mais celle-ci ne semble pas tout à fait décidée à multiplier les postes de garde-pêche, quand bien même l'animal bénéficie d'une protection internationale.

Les tortues-luths ont déserté les plages et la station balnéaire de Rantau Abang s’est assoupie. En stage pour la municipalité, des étudiants en marketing touristique ont voulu recueillir nos impressions sur cette étape. Leur enquête doit les mener à imaginer des pistes pour relancer l’attractivité de cet endroit aussi charmant que désolé. Mohd Razali Bin Che Ali croit au redéploiement économique par un écotourisme doux, qui prendrait en compte d’autres atouts du lieu : sa richesse ornithologique, ses lagons propices au kayak, sa jungle proche. Il vient d’ailleurs d’y créer le D’Pengkalan, un équipement adossé à la plage proposant chambres, restauration et animations nature. Juste à côté des murs blancs et bleus d’un centre d’études des tortues qui a l’air de bien s’ennuyer…

Plus d'infos sur le programme de protection des tortues en Malaisie

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Commentaires
S
Oui c'est vrai...
R
La photo est... elle reste sans tortues... C'est pour ça Sugar.
S
La photo est ......je reste sans mot......
D
Si l'on observe le phénomène dans l'absolu, on s'étonne de quoi, au juste? que les gens soient vénaux?<br /> Mais depuis que le commerce existe, la société s'est découvert des besoins et des moyens d'y subvenir qui ont provoqué cette soif de richesse.<br /> Si la "richesse" n'était pas aussi synonyme de pouvoir, peut-être n'en serions nous pas là actuellement.
A
Tu me diras, s'ils sont "prêts à vendre aussi leur femme"... <br /> <br /> Pfff... Tiens si la connerie valait de l'argent, peut-être qu'on foutrait la paix à notre pauvre planète ?
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