tours d'ébène
(Twin Towers of Petronas, Kuala Lumpur, Selangor, Malaisie, le 21 août 05)
L'or noir hisse la
capitale de la Malaisie à 451 mètres au-dessus de
son altitude naturelle. La firme Petronas a dressé les tours les plus
hautes du monde (88 étages x 2 pour près de 2 milliards de dollars)
pour symboliser la nouvelle ère du pays. Sauf qu'en 1998, année de
construction de ces vaisseaux de verre et d'acier, la croissance
économique était autrement plus forte que celle de 2005. Convoitée
durant les années 1990 et jusqu'en 2001 par les firmes internationales
pour sa main d'oeuvre qualifiée bon marché, la Malaisie doit
aujourd'hui faire face à une concurrence plus âpre de la Chine, autant
qu'à une méfiance des Etats-Unis depuis un certain 11 septembre (le
pays est soupçonné d'abriter des ramifications d'Al-Qaïda). Du coup, le
gouvernement tente de relancer l'économie par la hausse de la demande
intérieure (baisse d'impôts, primes aux fonctionnaires) et un soutien
plus affirmé à l'agriculture (exploitation intensive de l'huile de
palme). Il s'échigne aussi à faire du pays une destination touristique
majeure en multipliant les infrastructures routières et en encourageant
les grands projets hôteliers, fût-ce aux dépens de la jungle,
fragmentée en maints endroits, et d'une côte autrefois paradisiaque. On
sait aussi que demain, les nouvelles tours du WTC de New-York et
l'International Business Centre de Séoul toiseront Kuala Lumpur. Qu'à
cela ne tienne, les
deux tours continuent de faire la fierté nationale, ne serait-ce que
parce qu'elles érigent les symboles de l'Islam à l'assaut du ciel : les
cinq segments
rappellent les cinq piliers de la religion, les mâts font écho aux
minarets des mosquées et les étages en étoiles à huit branches renvoient sans
appel à l'art arabe.