25 mai 2005
avant l'orage
(Montagut, parc naturel régional de la Garrotxa, Olot, Espagne, le 11 mai 04)
Le plaisir des jeux s’étant épuisé, le vieil homme se tenait assis sur
le perron de la maison, silencieux, un peu courbé, regardant au loin,
vaguement, là où l’herbe bleue et l’herbe jaune commencent à se
confondre à l’avancée du soir. Il guettait l’arrivée de l’averse, de la
pluie éperdue. Longtemps épris des soleils triomphants, il aimait
maintenant l’eau qui ruisselle de toutes parts, l’eau qui déborde et
qui dégorge des chemins, tellement qu’on ne sait plus si elle tombe du
ciel, ressurgit de la Terre ou coule de ses yeux. La pluie viendrait de
la dernière colline, annoncée dans un fracas zébré de cymbales. Très
vite, elle clouerait ses gouttes ovales sur les troncs et les feuilles,
sur les tuiles et les cheminées, les champs, les amours, les regrets.
Mais ce soir, l’homme attendait et la pluie ne venait pas. Le vent
léger n’avait pas stoppé sa course entre les épis, le rossignol
s’esclaffait toujours dans la haie de cistes. Aimer, pleurer, soleil,
musique et pluie sont les mots d’une même source. Quand tout se perd et
se tarit, il n’est que temps de laisser parler les pierres.
Publicité
Commentaires
G
R
P
L
J