les chants d'amor
(rossignol philomèle - luscinia megarhynchos, Sant Pere Pescador, Gérone, Espagne, le 29 mai 04)
Le retour du rossignol est annoncé. Son chant nocturne, jaillissant du fin fond d’un bosquet, marque l’arrivée du vrai printemps. La cascade de ses notes mélancoliques, mêlant trilles et flûtes, m’élance inévitablement vers le doux souvenir de ces longues soirées de mai dans la campagne catalane. Il faut entendre le rossignol prendre son élan sur sept ou nuit notes identiques, atonales, presque poussives, avant l’envolée lyrique, polyphonique au demeurant et déjà post-sérielle, émancipée. Un chant de liberté, démodulé, un chant de prouesses en variation perpétuelle, entre limmas, commas, brèves et longues. Rimbaud à plumes de quinze centimètres, dont les glissandi à pente forte rythmaient mon cœur ouvert à l'envie et aux rêves.