les crocodiles pleurent comme nous
(caïman, Golfito, Puntarenas, Costa Rica, le 14 août 04)
Selon les continents, 20 à 60 % de la surface des zones humides a été perdue en quelques siècles. Initié dès l'époque romaine, ce mouvement s'est accéléré avec l'avènement de la mécanisation. En France, une politique irresponsable de modernisation agricole a fait disparaître plus de la moitié des marais côtiers en cinquante ans à peine. Le réchauffement climatique, en diminuant les eaux de ruissellement, contribue aussi à la dégradation des zones palustres. Les torrents de larmes versés de par le monde ne renfloueront pas ce patrimoine, englouti par les océans de maïs et les aménagements divers. C'est la revanche de l'homme sur sa peur ancestrale du marais, ces eaux puantes et malfaisantes, telles que la toponymie se fait encore l'écho. A Meylan, dans la banlieue grenobloise, le site marécageux des Aiguinards (« aigues noires », les eaux noires) a cédé son nom à un centre commercial érigé dessus. Et bientôt, les caïmans n'infesteront plus que les polos des golfeurs.