lignes de chemin de faire
(col de l'Emeindra, Le Sappey-en-Chartreuse, Isère, le 08 janv. 2005)
On voudrait nous apprendre à aligner nos mouvements d'esprit selon les schémas de la pensée cartésienne. A savoir que seules les choses que l'on conçoit et distingue par idées claires existent réellement. Il en résulte l'obligation de douter de ses sens, dont les intuitions n'ont aucune objectivité. Les sensations sont renvoyées à de vulgaires états d'âme, et les couleurs, sons et parfums assimilés à l'illusion pure. Tant qu'à faire, il faudrait aussi se méfier du bonheur, qui ne possède pas d'espace en soi et ne peut être inséré dans la géométrie ordonnée du réel.
Le monde a plus d'épaisseur métaphysique que les représentations qu'on s'en fait souvent. L'univers recèle une certaine opacité pour la pensée comme pour le cur, c'est une réalité à laquelle on peut difficilement couper. Les discours politiques qui s'évertuent à refuser aux choses sensibles l'existence hors de l'intelligence ne peuvent séduire durablement l'opinion. Voilà pourquoi un idiot, qui introduit de la spiritualité, des notions aussi immatérielles que la grandeur ou la fierté dans son discours peut remporter des élections.